DIY : une technique créative remplie de défis et de découvertes!

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Qui n’a pas essayé un projet DIY (do it yourself) ? Ce serait mentir de dire que je n’en ai jamais fait ! J’en ai fait tellement, que je ne saurais pas faire le décompte. Que ce soit mes propres crèmes et démaquillants, mes vêtements au crochet, en passant par certaines décorations et mon propre pain. Bref, je me laisse toujours guidé par ma créativité.

Cela dit, mon compte de banque m’a amené à me questionner sur la tendance cette technique créative.

  • Est-ce que ça permet vraiment d’économiser ?
  • Est-ce que ça ne demande pas des compétences techniques ?
  • D’où vient cette vague de « fait main » ?
  • Est-ce que le DIY c’est de l’artisanat finalement ?

Bref, c’est avec un œil critique que je me suis mise à faire un peu de recherche. Honnêtement, j’ai été surprise de mes trouvailles. Je pourrais faire plusieurs articles sur le sujet, tellement il y a d’éléments. Néanmoins, je vais m’en tenir à un survol. Qui sait, je décortiquerai peut-être le thème en plusieurs billets.

Et si nous commencions par le début ?

C’est quoi du DIY ?

L’acronyme de l’expression anglophone do it yourself pourrait être traduit par « fais-le toi-même ». Toutefois, dans la francophonie, on utilise aussi l’expression « fait à la main ».

C’est en fait, la pratique de faire ou de réparer soi-même. Que ce soit la décoration (ou même la construction) de la maison, les produits de beauté, les bijoux, les vêtements, bref tout ce qui nous demande d’utiliser nos dix doigts pour créer, réparer ou assembler.

L’idée même du mouvement DIY est de créer ou réparer des objets pour aller à l’encontre du capitalisme (je vais y revenir). Donc, d’optimiser ce que nous avons déjà.

Quelle est la différence entre le DIY et l’artisanat?

Le questionnement ne vient pas de moi, mais d’un ami et je l’ai trouvé très pertinent. Voici les définitions du dictionnaire Le Robert :

Artisanat (Nom masculin) : Métier, condition d’artisan

Artisan (Nom) : Personne qui fait un travail manuel, qui exerce une technique traditionnelle à son propre compte, aidée souvent de sa famille et d’apprentis (ex. serrurier, plombier, bijoutier, etc.)

On comprend que l’artisanat est en fait un métier d’une personne ayant un certain savoir-faire grâce à des études ou à l’accompagnement d’un mentor.

D’autre part, si nous regardons la définition du DIY, nous obtenons :

DIY : Pratique qui consiste à créer, fabriquer et réparer soi-même des objets et des produits du quotidien.

Donc, ce n’est pas la même chose. L’artisanat serait plus de l’ordre de la profession, tandis que le DIY serait à titre personnel. J’irais jusqu’à dire que le DIY est un courant, une philosophie, plus d’une activité. Effectivement, il s’agit d’une pratique issue d’un mouvement qui a pris forme dans les années 70.

Une part d’histoire

En fait, c’est une sous-culture qui a commencé par le mouvement punk des années 70. Ce n’est pas que ça n’a jamais existé auparavant, au contraire. Toutefois, c’est à cette époque qu’on sent le mouvement DIY prendre racine avec un message fort ; l’anti-consumériste. C’est le rejet d’acheter des objets ou d’utiliser des systèmes et procédés existants.

Quel est le rapport avec le Punk ? Eh bien l’une des actions posées était de créer avec les moyens du bord. Autant pour la musique et pour le design. C’était de la musique dite « de garage » principalement.

D’ailleurs, Stewart Brand marquera le coup avec Whole Earth Catalog (tool access) qui sera conçu avec une machine à écrire et un Polaroid uniquement.

Autre phénomène intéressant est la réponse du mouvement à l’échec politique, économie et social des Trentes Glorieuses (qui est la forte croissance économique et augmentation du niveau de vie des pays développés de 1945 à 1975). Le mouvement affichait le slogan DIY or DIE (fais-le toi-même ou meurs).

Et plus près de notre époque… la pandémie et son confinement ont ramené la tendance du DIY. Qui n’a pas fait son pain ou redécoré son logis pendant cette période. Depuis, le mouvement DIY prend de plus en plus d’ampleur grâce aux médias sociaux.

Un mouvement qui s’allie à d’autres !

Crédit : NBC News

Le DIY est tellement fort qu’il a même servi de message au féminisme ! Lors de l’événement Women’s Marches à Washington en 2017, plusieurs femmes portaient le pussyhat. En novembre 2016, le pussyhat a été créer avec deux intentions.

1) Permettre aux gens de créer un visuel puissant lors de la marche, soit une vague de rose.

2) D’offrir aux gens qui ne pouvaient participer, une façon de soutenir le mouvement en créant et offrant des pussyhats.

Comme quoi que cette technique créative n’est pas juste le fait de créer de beaux appartements ou faire son propre pain. C’est porteur d’un message de solidarité et de contestation.

Accessibilité

Malgré ses nobles intentions, je me pose toujours une question. Est-ce que le DIY est accessible à tous ?

Coût des matériaux

Quand on y pense, il y a les frais des matériaux et d’outils. Je prends l’exemple des chandails en crochet que je fais. Il y a présentement une tendance sur les tricots et chandails à maille. J’aime beaucoup le style et j’adore la perspective de le faire moi-même. Non seulement mon chandail est unique et à ma taille, mais en plus il y a toute la satisfaction de créer quelque chose de mes mains. Et avouons-le, le crochet (ou le tricot) est méditatif.

Cependant, simplement la laine pour le chandail orangé que j’ai conçu est 45 $ + taxes pour une balle de laine. J’en ai pris 2 ½ pour le créer. Donc, mon chandail coûte 90 $ + taxes en matériaux. Est-ce que je peux trouver un chandail du genre moins cher ? Oui. Est-ce que le matériel aurait la même qualité ? Possiblement pas.

Essayons un autre projet, un meuble en bois pour mettre derrière le divan. Si j’évalue approximativement le matériel :

Une planche 2 pouces x 8 pouces x 8 pieds — 9,98 $/l’unité

Des bâtons 1×2 x 8 – 1,40 $/l’unité (j’estime environ 8) = 11,20 $

Teinture à bois — 18,97 $

Peinture blanche — 19,59 $ (857 ml)

Vis à bois

Coût approximatif de 60 $

L’achat de ce genre de meuble est environ 80 $

Donc, seulement pour les matériaux, je crois que ça vaut la peine d’investir du temps et le créer à son gout.

D’autre part, il y a les outils. Selon le type de projet, il y a souvent une nécessité de différents outils. Si je garde ma thématique, pour le crochet il faut bien entendu… des crochets, mais aussi des aiguilles, des marqueurs, un mètre à mesurer, etc.

Pour le montage du meuble (selon ma connaissance, car je ne suis pas une experte) il faut : scie, tourne de vis, sableuse, serres, colle à bois, des pinceaux et j’en oublie surement.

Il y a toujours possibilité de louer ou d’emprunter le matériel si c’est simplement pour un projet. Et si nous nous investissons dans l’activité, effectivement l’achat du matériel devient super intéressant, car le coût pourra être rentabilisé sur les différents projets.

Option recyclage ?

Bien sûr j’ai fait le calcul avec des matériaux neufs. Néanmoins, à la base le DIY est de construire ou réparer avec ce qu’on a ou du seconde main. Et les Pinterest de ce monde regorgent d’idées à essayer.

Ça peut être de donner une 2e vie à un vieux meuble, rentabiliser les matériaux restant pour de nouveaux projets (ce qui m’arrive régulièrement en crochet), repenser certaines pièces d’un meuble ou d’un appareil endommagé, etc.

L’alternative de recyclage rentre parfaitement dans la philosophie du DIY et prend tout son sens dans la guerre contre la surconsommation.

Alors côté coût, on peut dire que ça vaut la peine et encore plus si on en fait plusieurs. Mais encore faut-il avoir les compétences pour ces projets ? Voyons voir ce qu’on peut trouver.

Compétences

Certaines activités demandent des compétences techniques plus avancées que d’autres. Est-ce que c’est donné à tous ? Je crois que c’est à ce moment qu’il faut faire preuve de jugeote. Il y a des activités très accessibles et qui peuvent être simples comme la cuisine par exemple. En suivant une recette, il est facile de créer ses propres repas. Toutefois, la menuiserie demande un peu plus de compétences. Et je ne suis pas certaine que si je donne un bout de ficelle et un crochet à n’importe qui, qu’il va savoir quoi en faire.

Cette technique créative est vraiment amusant lorsqu’on s’oriente vers ce qui nous passionne ! Je n’ai personnellement pas tant d’intérêt pour la menuiserie. Croyez-vous que je vais me lancer dans le domaine pour créer mes meubles (même si l’artiste en moi le souhaiterait) ? Non. À la limite, je demanderais de l’aide.

Si je parle un peu de ma petite histoire avec le crochet, j’ai commencé tout simplement avec un ami. Il m’a montré les techniques de base et par la suite mon apprentissage s’est fait progressivement avec des patrons, des erreurs, des échecs et des réussites. Encore à l’heure actuelle, j’aime découvrir de nouveaux points en testant des projets.

Aujourd’hui, en plus des cours et des livres qui peuvent s’offrir, il existe une panoplie de tutoriels, de guides et d’exemples en ligne.

Et en plus, je suggère de développer votre réseau d’apprentissage. Demandez à vos proches ou vos voisins s’ils connaissent X technique et voyez comment ils peuvent vous aider.

Donc, pour la question de l’accessibilité du DIY, je conclus que oui, tout est possible. Suffit de se donner les moyens et d’évaluer notre désir.

Néanmoins, je ne crois pas que s’aventurer dans un projet qui ne nous convient pas est la solution

Frustrations, critiques et limitations des projets DIY

Les imprévus et les erreurs ? On en parle ?

Ce qui fait la beauté et la frustration des projets DIY ce sont les possibles erreurs et imprévus. C’est merveilleux, car ça permet de développer sa créativité et sa résilience. Par contre, la frustration peut vite s’installer, car les erreurs et imprévus ralentissent le processus, augmentent les coûts et peuvent nous fait dévier de notre objectif final.

Personnellement, lorsque je commence un nouveau projet, je suis emballé et excité à l’idée de faire le projet et même du résultat final. Il n’est pas rare que je commence sur les chapeaux de roue. Cela dit, il serait intéressant de m’interroger à savoir si c’est le résultat qui me rend fébrile ou la création du projet. Car je me rends compte que si je suis intéressée au processus, je vais faire preuve de préparation et de patience. Ce qui n’est pas le cas si je pense qu’au résultat.

À ce moment, il serait important de se questionner sur les motivations derrière le projet. Nous désirons obtenir un produit à « faible » coût ou nous souhaitons passer un bon moment à créer ?

Si on veut respecter le désir du fait main pour des raisons écologiques ou même d’esthétisme, on peut toujours demander à un ami de le faire, ou payer quelqu’un pour nous créer un projet personnalisé.

Risques et échec

Il y a quelque temps, j’ai tenté le macramé pour créer des supports à ukulélé. Quelle mauvaise idée ! J’avais mal évalué les grandeurs de cordes, même si les nœuds étaient relativement simples, j’ai trouvé le processus long et frustrant. Le projet a terminé incomplet dans le fond d’un tiroir.

Ça fait partie des échecs qui m’ont dégouté de l’activité. C’est aussi vrai pour une réparation qui tourne mal et qui termine plus endommagée que l’état initial.

Même si je suis consciente que c’est particulièrement frustrant, je ne crois pas qu’il faille s’arrêter aux échecs. L’idée est d’en tirer une leçon et de passer au prochain. Le bon côté de ne pas avoir réussi mon projet « support a ukulélé », c’est que je sais maintenant, que je n’aime pas le macramé.

Temps et engagement

Et si nous sommes réalistes, les projets DIY requièrent un investissement de temps. Que ce soit pour apprendre les techniques reliées ou pour réaliser le projet, c’est important d’en être conscient.

Souvent nous sommes emballés par un projet et on oublie le facteur temps. Un facteur encore plus dérangeant si on fait face à des obstacles. Tous projets DIY demandent un lot de patience et de temps.

Alors ça vaut la peine de s’investir dans un processus plus que dans un résultat.

Avantages

Développement de sa créativité

Le premier avantage du DIY est bien sûr la créativité. S’investir dans un projet DIY c’est s’offrir l’opportunité de trouver des solutions à des problèmes. Penser autrement la manière de faire.

C’est aussi s’octroyer du temps d’observation. Lorsqu’on regarde une pièce ou une décoration, on doit l’analyser pour prendre les bonnes directions artistiques. Ce qui développe notre capacité d’analyse et notre d’imaginaire. Compétences qui sont nécessaires à la créativité.

Si je regarde comment je fonctionne, le processus pourrait ressembler à ceci :

On observe, on visualise, on essaie, on observe le résultat, on se trompe, on recommence et ainsi de suite.

Ces étapes correspondent bien aux 4 phases de la créativité, soit la préparation, l’incubation, l’illumination et la vérification.

Économie et écologie

J’ai fait le calcul plus haut. On s’entend pour dire que si nous optons pour des matériaux recyclés, c’est non seulement bénéfique pour le porte-monnaie, mais aussi pour la planète et ses habitants !

Bien-être

Plusieurs recherches le démontrent que de travailler manuellement à de nombreux bénéfices pour notre bien-être.

Les avantages sur le bien-être :

  • Travaille sa mobilité physique.
  • Soutiens la stimulation cognitive (surtout en vieillissant).
  • Est une activité relaxante et amusante.
  • Apporte un sentiment d’accomplissement, d’autonomie et de fierté.
  • Et encore plus, j’en suis certaine.

Conclusion

Comprendre le mouvement « do it yourself » m’a permis de mettre un peu de perspectives dans ma réflexion. Effectivement, si on revient à l’intention de départs, je crois que l’aspect récupération et réparation est très important. Cela dit, j’ai l’impression que le mouvement a évolué depuis les années 70. Il y a le cosplay (dont je n’ai pas vraiment parlé) qui a pris beaucoup d’ampleur et qui rentre dans le DIY. Les amateurs de dessins animés, de jeux vidéos, de fantaisie ou même de jeu de rôles sont nombreux à créer leur propre costume.

Et encore plus depuis la pandémie, j’ai l’impression qu’il y a un désir d’économiser et de prendre conscience de notre environnement. Et j’ajouterai qu’il y a un désir de ralentir. Ce qui pourrait paraitre pour une fuite de la réalité est probablement un désir de revenir à des valeurs et des traditions plus humaines. Principalement dans une ère de technologie et de rapidité.

Et pour répondre à ma question primaire soit « est-ce que le DIY est accessible à tous ? » je dirais oui ! À la condition de s’offrir l’espace pour le faire.

Si tu as envie de commencer un projet, voici quelques pistes à envisager :

  1. Regarde les tutoriels sur Youtube ou Pinterest et échange avec des gens qui ont déjà fait le type de projet que tu souhaites débuter.
  2. Avant d’acheter de l’équipement, pense à louer ou emprunter le matériel (c’est peut-être même l’occasion de créer un moment créatif avec des proches)
  3. La facture peut vite monter ! Modère-toi à un petit projet pour débuter et grandis tranquillement. Tu n’as pas besoin d’être équipé comme un professionnel dès le départ.
  4. Le recyclage et le seconde main peuvent être d’excellents alliés.
  5. Concentre-toi sur le processus plus que sur le résultat ! L’idée est de s’amuser plus que de chercher la perfection.

Et toi ? Qu’est-ce que tu aimerais créer ?
As-tu déjà des anecdotes loufoques à raconter ?

Partages tes aventures DIY  en commentaires et inspire d’autres esprits créatif!

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