Après l’article sur la définition de la créativité, j’ai eu envie de pousser plus loin la réflexion sur les types de créativité afin de mieux comprendre comment ils s’activent dans notre quotidien. Je crois que nous les avons tous en soi, mais à différents niveaux.
Maintenant que j’ai survolé l’expression imaginaire, j’ouvre les pages de la création artistique. Très présent dans notre quotidien, la création artistique (ou l’art sous toutes ses formes) est très importante dans le développement de nos sociétés et comme individu. Je ne fais que penser aux hiéroglyphes de l’Égypte antique, qui était un système d’écriture figurative qui a permet de transmettre l’histoire des peuples de cette époque. Ou plus près de nous, l’art visuel, la musique, la danse, le théâtre, bref, toutes ses formes de communications émotionnelles qui nous rapproche et créer un sens et une identité à notre société. La création artistique habite nos vies et apporte un énorme soutien au développement de la créativité individuelle et collective.
Mon objectif est de nous sensibiliser sur son apport dans notre quotidien, mais aussi voir comment nous pouvons la développer et la nourrir à notre manière.
Qu’entendons-nous par « création artistique » ?
De base, nous pouvons dire qu’il s’agit de la voix de l’expression imaginaire sur un support (instrument, toile, scène, etc.)
J’ai trouvé cette phrase d’Andrea Bencelova dans son blogue Arty Garage, qui résume bien l’idée :
« Si l’artiste cherche à exprimer des émotions ou un point de vue personnel à travers son œuvre, l’artisan vise à créer quelque chose d’utile, fonctionnel, mais esthétiquement agréable. »
Andrea Bencelova
Je ne crois pas que c’est plus un que l’autre, car chaque rôle trouve sa manière d’alimenter sa créativité.
J’aime aussi dire que la création artistique est aussi une manière de rendre l’invisible tangible.
Quel est son apport collectif ?
La création artistique peut avoir de nombreux apports dans la collectivité. Que ce soit pour créer des objets ou simplement exprimer nos émotions, l’art favorise les interactions et améliore la qualité de vie.
Souvenons-nous de ce cadeau fait main que nous avons déjà reçu dans notre vie. Que ce soit fait par un enfant, un artisan ou un artiste, il y a une valeur émotionnelle qui a le don de nous réchauffer le cœur.
Ou encore, imaginons les différents marchés qui rapprochent les gens en créant des connexions ou les groupes d’art qui existent pour créer un cercle de soutien entre les créateurs.
Que vous soyez consommateurs, artistes ou artisans, la création artistique permet d’échanger sur un sujet commun. C’est-à-dire l’art qui raconte une histoire, une émotion ou une expérience.
Aussi, on peut jusqu’à prétendre que la création artistique construit notre histoire. C’est au travers des différentes œuvres que nous pouvons retracer le passé (que ce soit de l’art visuel, de la confection de pigment, des classiques musicales ou des œuvres architecturales). La création artistique fait partie de notre quotidien et nous raconte comme société.
Je suis tombé sur cette délicieuse citation dans le rapport Art et Appartenance créé pour le programme Signes Vitaux :
« Les arts et la culture améliorent la qualité de vie dans nos collectivités. Ils nous aident à définir qui nous sommes, à comprendre les liens qui nous unissent les uns aux autres, et ils influencent notre perception de nous-même et de nos collectivités. Selon notre recherche, la participation aux arts, que ce soit sur la scène, dans un auditoire ou dans la collectivité, renforce le sentiment d’appartenance. »
Qu’en penses-tu?
Créativité artistique et épanouissement personnel
Même au niveau personnel, la création artistique nous fait évoluer. Je nourris ma créativité artistique en explorant de multiples projets et matériaux. Bien entendu, le dessin prend une grande partie de mon temps. Cela n’empêche pas que je joue du ukulélé, je fais du crochet, j’aime essayer de nombreux DIY, j’ai fait de l’argile, j’ai tenté la couture, j’ai créé des sites Web, des logos, je cuisine, j’écris, etc. Bref, en bonne multipotentiel que je suis, je suis une touche à tout. Une Jack of all trail, comme on le dirait en anglais.
Mais ça m’a apporté quoi ?
Avant de parler des bienfaits que j’observe dans mon développement artistique, j’aimerais souligner un constat que je fais à l’écriture de ce blogue. Le développement personnel à travers cette forme de créativité se joue sur deux postures : comme artiste (ou artisans) et comme spectatrice. Explorons ce que m’apportent les deux postures.
Artiste
Matérialiser les idées
Ça me permet de matérialiser mes idées, mes émotions ou mes pensées les plus abstraites. Avec le temps, j’ai réalisé que ma tête est beaucoup plus active que la moyenne. Des fois, c’est même anxiogène. Pour m’aider, l’art me permet de concrétiser ce qui se passe dans ma boite à idées et souvent de faire le tri. J’utilise souvent l’écriture et le dessin pour me soutenir, mais je crois que ça peut être vrai avec n’importe quel médium.
Donne du sens à ma vie
Je ne sais pas si c’est vrai pour tout le monde, mais, pour ma part, le simple fait de créer quelque chose me donne un sentiment d’être vivante. Cela me procure beaucoup de plaisir et m’aide à sortir de mon quotidien. Je me sens moins comme un automate, car, dans toutes les formes d’art ou d’artisanat, il faut faire des choix qui viennent du cœur.
Ajoute de l’esthétisme et de la couleur
Beaucoup de mes œuvres sont exposées chez moi. J’ai même un mur de toile dans mon bureau que je déplace de temps à autre. Je suis de nature à aimer les belles choses et me sentir bien dans de beaux endroits. Même si j’ai moi-même un préjugé un peu boho sur le sujet, j’aime ce qui est beau et esthétique. Je suis carrément attiré par ce qui est coloré.
Spectatrice
Vibrer et vivre des émotions
Comme expliquer précédemment, je suis attiré par les couleurs, comme les abeilles par les fleurs. C’est vital, car ça me fait vibrer à différents niveaux. Observer de l’art visuel, écouter de la musique, lire un livre, assister à une pièce de théâtre ou juste déambuler dans un marché d’artisans peut me faire vivre tous les spectres des émotions. Et j’adore ça ! Encore une fois, ça donne du sens à ma vie et la romance aussi.
M’inspire et alimente ma réflexion profonde
Comme créative, je suis toujours à la recherche inconsciente d’inspiration pour nourrir mon art et ma réflexion. Ce que l’art des autres m’apporte est inouï. Par le mélange des couleurs ou des matériaux. Par des subtilités dans les paroles d’une chanson. Par comment mes sens réagissent. Tout est sujet à inspiration.
Si je résume en quelques mots, je pourrais dire que la créativité artistique me stimule, m’inspire et me nourrit pour faire en sorte que j’apprécie chaque journée qui m’est donnée de vivre. Ça ajoute de la beauté et de la saveur. Cela dit, comment ce processus s’établit concrètement ?
Le processus de création artistique
Le processus créatif est souvent présenté en 4 étapes, soit la préparation, l’incubation, l’illumination et la vérification.
La préparation
C’est l’étape de la recherche. Nous cherchons le thème de l’œuvre, nous faisons des tests pour voir avec quel médium ou avec quelle technique notre idée s’exprime le mieux. Bref nous mettons la main à la pâte pour donner vie à l’idée ou l’émotion que nous souhaitons exposer.
Par exemple, pour un projet d’illustration, j’avais une idée bien précise avec du tissu, du dessin et de la laine. Je me suis mise à explorer les médiums qui allaient mieux fonctionner selon le temps et l’espace que je disposais.
L’incubation
C’est de mettre le projet en veilleuse, carrément ! Laisser notre esprit et le projet se reposer permet de créer un pas de recul pour voir l’œuvre dans son ensemble.
Une fois que j’ai eu terminé mon projet (comme avec tous mes projets), je l’ai laissé de côté pour soi aller faire autre chose, soit pour aller dormir. J’ai toujours l’esprit plus clair le lendemain.
L’illumination
C’est le moment Ah ! Ah ! C’est de comprendre ou de voir l’élément manquant ou l’ajustement à faire.
La vérification
C’est le moment de valider l’idée soit en la présentant à un concours, un professeur ou autres personnes pour voir ce qu’ils en comprennent. Parfois, ça passe ! D’autres fois, il faut faire des ajustements…
Et même il va arriver que nous devions tout recommencer.
Ce fut un peu mon cas. Comme artiste, il arrive que nous soyons absorbés de notre idée et de nos émotions. À un point tel que nous pouvons perdre l’essence même du message. Quoique mon œuvre était intéressante, il était difficile pour le spectateur de comprendre ce que je voulais dire. C’était une œuvre très personnelle, avec des symboles que j’étais probablement la seule à comprendre. Alors, j’ai recommencé. Et j’ai refait le même processus pour une deuxième œuvre toujours sous le même thème, mais plus aligné ma démarche et ce que je voulais partager. La dissonance entre le visage parfait que nous présentons au monde et notre nature plus sauvage.
Le processus créatif artistique reste, selon moi, un processus très personnel. Les quatre étapes peuvent se décliner en plusieurs autres petites étapes pour certains. Pour d’autres, c’est encore plus simple que ça. La recette magique est de trouver ce qui nous convient. Ce modèle peut être alors une base pour démarrer l’exploration.
Activités pour chacune des étapes
Chacune des étapes peut se présenter différemment dans le développement d’une œuvre. Nous pouvons arriver avec une idée bien précise comme nous pouvons faire face à la page blanche. Nous pouvons entamer notre concept et réaliser en chemin que ça ne fonctionne pas ou perdre l’inspiration. Selon notre personnalité et le projet, beaucoup de facteurs peuvent entrer en ligne de compte. Néanmoins, il y a quelques activités qui peuvent nous aider à chacune des étapes.
Prendre note que je me concentre plus sur l’écriture et l’art visuel, mais je crois que ça peut facilement s’appliquer à toutes les types de créativité artistique.
Préparation
Le syndrome de la page blanche est cruel pour les artistes. Alors, pourquoi ne pas partir de rien et se réchauffer un peu ?
Prends une page blanche et un médium de ton choix. Et laisse-toi porter. Ça peut être des lignes en rafales, une montée de spirale ou un flot de mots qui n’ont aucun rapport. Ça peut même être de répéter sur une page « je ne sais pas quoi créer ». L’idée de ce réchauffement est de se vider la tête de toute attente et briser le syndrome de la page blanche. Créer quelque chose, même si ça n’a aucun sens.
Astuce : Mets de la musique pour créer une ambiance. Tu peux même suivre ce le rythme de celle-ci.
L’incubation
La création passe aussi par des moments de repos et d’éloignement. Dans ces moments, j’opte souvent pour travailler sur autre chose. Par contre, ce n’est pas toujours accessible. Alors, pourquoi ne pas juste faire autre chose pour relaxer. J’ai une liste d’activités détentes qui sont facilement accessibles et que je peux faire en peu de temps. Dans mon cas, c’est de la méditation, faire du crochet, marcher et même la lecture. L’idée est juste de se sortir de son projet laisser les idées se déposer et vivre par elles-mêmes.
L’illumination
L’inspiration, ça se construit. Effectivement, ce n’est pas que de la magie. Je crois qu’une de mes sources préférées reste les pages du matin que Julia Cameron avait introduit dans son livre Libérer votre créativité. Chaque matin, je me fais un café et j’écris pendant 20 à 30 minutes. Souvent, ce sont mes rêves que j’interprète, mais aussi, tout ce qui me vient par la tête. Les idées qui me viennent (bonnes ou mauvaises), un questionnement que j’ai, une situation que je vis. J’écris ce qui me vient, sans censure (c’est le plus important). Je m’autorise à nourrir ma créativité sans jugement et avec bienveillance. C’est un des outils les plus puissants que j’ai.
Vérification
J’ai envie de changer le terme vérification pour célébration dans ce cas-ci. Car je crois que nous oublions souvent de se célébrer. Je te partage un petit rituel que j’ai instauré avec les années de dessin. Lorsque j’ai terminé une œuvre, je la laisse à vue sur mon bureau pour que, le lendemain je voie ce que j’ai fait avec un œil nouveau. Il arrive que je sois très critique, mais, règle générale, je suis fière de ce que j’ai fait. Je me félicite intérieurement et je souligne ce que j’aime sur l’œuvre.
Développer et nourrir sa créativité artistique
Comme toutes formes de créativités, l’inspiration ne vient pas toujours par magie. Nous avons besoin de nourrir sa créativité artistique. Et je te rassure, pas besoin d’aller dans les grands musées. Seulement de faire preuve d’un peu de curiosité et d’écoute.
Voici quelques conseils pour alimenter ta pratique artistique :
Visiter marché d’artisans, galerie d’art ou pièce de théâtre local.
Dans notre ville, il y a souvent des événements pour célébrer la culture. Que ce soit un spectacle en plein air, la maison des arts de la ville, un café qui expose des artistes ou la route des artisans, il y a toujours moyen de trouver de quoi à explorer et découvrir. Consulte la page de ta ville ou des villes avoisinantes.
Essayer le DIYS (do it in your style ou fais-le dans ton style)
C’est une tendance que je vois souvent sur les réseaux sociaux ; les concours DIYS. L’artiste présente une œuvre à son style avec des mots clés précis et invite les autres à reprendre son œuvre, mais dans leur propre style. J’aime bien le concept, car non seulement cela crée un sentiment de communauté, mais, en plus ça permet d’explorer différents sujets que nous n’aurions peut-être pas essayés.
Les DIY (do it yourself)
Les projets à faire souvent peuvent être non seulement très pratiques, mais très nourrissants pour nos âmes créatives. Ça nous permet d’essayer différents médiums et, qui sait, nous amener ailleurs dans notre art.
Varier entre 2 passe-temps.
Si tu écris, pourquoi ne pas essayer le dessin ?
Si tu dessines, pourquoi ne pas essayer d’apprendre à jouer d’un instrument ?
Si tu es musicien, alors peut être exploré… le crochet ?
L’idée dernière tout ça, c’est que créé des pauses entres les projets tout en restant actif. Et qui sait… peut-être les deux pourraient être combinés lors d’un projet. J’ai bien mis du crochet dans mes illustrations.
Prendre des pauses
Nous sommes dans une société de production. Nous sommes toujours en train de produire et d’être partout en même temps. S’il y a une chose que la créativité et l’art nous apprennent, c’est de ralentir. Et dans le chapitre précédent, je l’ai clairement nommé, la phase d’incubation est nécessaire. Alors, prends une pause… après la lecture de l’article.
Essayer une nouvelle forme d’art
Il y a tellement de possibilités accessibles aujourd’hui qu’on serait fou de s’en passer. Des fois, ça peut être une soirée d’exploration (je pense entre autres aux soirées vin et peinture ou à un atelier d’initiation), ou juste de prendre une boite avec tout le matériel nécessaire à l’intérieur. Mieux encore, pourquoi ne pas demander à une personne proche de vous. On ne sait jamais les pépites que nous pouvons trouver.
En conclusion
La créativité artistique est probablement la pratique la plus connue et, selon moi une des plus riches. Elle permet d’allier l’imaginaire et la production d’idées pour créer des œuvres qui s’expriment et rassemble. Même si que pour le plaisir, c’est une belle zone d’exploration pour agrémenter son quotidien.
Quelles activités ou pratiques vous aident à nourrir votre créativité artistique au quotidien ?
Quelle serait la première étape que vous prendriez pour développer votre créativité artistique ?
Quelle place accordez-vous à la créativité artistique dans votre vie, et aimeriez-vous lui en donner davantage ?
Références
Quelle différence entre art et créativité ? (s. d.). https://www.artygarage.fr/blog/241-Quelle-difference-entre-art-et-creativite–
Fondations communautaires du Canada Signes Vitaux : Arts et Appartenance, https://communityfoundations.ca/wp-content/uploads/2019/04/Signes_vitaux_Arts_et_appartenance.pdf
Photo entête par Caleb Salomons https://unsplash.com/fr/@stormcloudwalker
Photo oeuvre, Maude Leblanc Côté