Je suis autodidacte. Plusieurs de mes passions ont été apprises par moi-même (sans formation formelle) soit par le biais d’amis, de tutoriel sur YouTube, des médias sociaux ou d’expériences. De plus, les différentes compétences que me permettent de développer mes passe-temps font de moi une personne plus créative, mais surtout plus résiliente, dans une ère où tout va extrêmement vite.
Dans cet article, j’ai eu envie d’explorer mon propre parcours autodidacte et l’importance que j’accorde à l’apprentissage autonome. Et comme j’aime créer des liens, j’explique comment j’utilise la créativité pour soutenir mon apprentissage autonome. Enfin, j’envisage les obstacles possibles et pour terminer avec quelques ressources et outils.
Les racines de mon parcours autodidacte
Je pourrais dire qu’être autodidacte m’est venu naturellement, mais peut-être pas autant que j’ai tendance à le croire. En effet, je crois que je le suis devenu par la force des choses. J’ai été confronté à des sentiments de doute et d’incertitude qui ont façonné mon approche de l’apprentissage (et de la créativité par le fait même).
Se sentir diminuée et censurée
Je me suis souvent sentie diminuée par les adultes autour de moi. Il fallait que je rentre dans un moule que l’école avait créé pour moi. Il y a plusieurs sujets que j’aurais aimé explorer en profondeur, mais faute de temps et de ressources ce n’était pas possible. À l’occasion, je cherchais un peu plus sur le sujet, mais il faut comprendre qu’à cette époque, internet n’existait pas. Et j’ai avalé la pilule du « ce n’est pas utile de pousser davantage les connaissances », alors j’abandonnais rapidement.
Le manque de confiance en mes capacités
Je ressentais une profonde insécurité quant à mes capacités intellectuelles. L’idée d’étudier à l’université me semblait inatteignable, non seulement à cause de mes doutes personnels, mais aussi à cause des pressions sociales et des jugements qui me faisaient sentir inférieure. Je me souviens encore de ce professeur qui m’avait dit : « ce n’est pas tant utile de pousser ta technique (en graphisme) à l’université. » Pourtant, avec le recul j’y aurais gagné beaucoup. Sans mettre toute la faute sur les épaules de l’enseignant, il y avait un autre facteur qui entrait en ligne de compte.
Les limitations financières
Les contraintes financières ont été un obstacle majeur. Ne pas avoir les moyens de suivre des cours formels m’a obligé à chercher des moyens plus accessibles. Je pense entre autre au ukulélé. Lors de la pandémie, j’ai décidé de m’intéresser à l’instrument. Je m’en suis procuré un petit pas trop dispendieux et j’ai suivi des tutoriels sur YouTube. J’ai pratiqué, j’ai récolté des trucs à gauche et à droite, pour finalement trouver la « twist » et réussir à jouer.
Tout comme le ukulélé, je me suis servi des ressources à la bibliothèque et en ligne pour poursuivre mon éducation.
La quête de liberté et d’exploration
Malgré ces défis, mon désir d’apprendre et d’explorer était dévorant. La frustration de ne pas pouvoir approfondir les sujets qui m’intéressaient a nourri mon besoin de creuser par moi-même. Cette quête de liberté intellectuelle m’a poussé à devenir autodidacte, à embrasser l’apprentissage autonome et à valoriser la créativité dans mon parcours éducatif.
L’importance de l’apprentissage autonome
Cette quête de liberté et d’exploration m’a bien servi pendant plusieurs années. Jusqu’au moment où je constate que je voulais un peu plus. Ce qui est intéressant de comprendre, j’ai fait l’exercice de comprendre ce qui me motivait dans cette quête qu’aujourd’hui. Cette compréhension met en lumière plusieurs de mes actions pour soutenir mon processus d’apprentissage. Ainsi je peux déterminer ce qui me convient (ou pas).
Définitions
Et si nous, nous observions les définitions pour être sur la même page :
Autodidacte : Qui s’est instruit lui-même, sans maître.
Apprentissage autonome :
Selon le ministère de l’Éducation de l’Ontario : « L’apprentissage autonome comprend la prise de conscience et la gestion de ses processus d’apprentissage, notamment pour développer des dispositions relatives à la motivation, la maîtrise de soi, la persévérance, la flexibilité et la résilience. Il comprend également la mentalité de croissance, soit la confiance en ses capacités d’apprendre, liée à l’utilisation de stratégies de planification, de réflexion et de suivi des progrès de ses objectifs, et de la révision des prochaines étapes, stratégies et résultats. L’autoréflexion et le fait de penser à sa façon d’apprendre (métacognition) favorisent l’apprentissage tout au long de la vie, la capacité d’adaptation, le bien-être et la capacité de réinvestir son apprentissage dans un monde en constante évolution. » (Site du gouvernement de l’Ontario)
On peut comprendre que dans l’apprentissage autonome, il y a une prise de conscience sur le processus d’apprentissage plus grande que l’autodidaxie. Ce que je trouve beaucoup plus intéressant et riche pour me sentir maître de mon parcours.
Les avantages de l’apprentissage autonome
Apprendre à apprendre
S’offrir les outils pour apprendre. Et ces outils sont à la porter de la main. Apprendre à apprendre c’est s’observer soi-même pour mieux comprendre nos mécanismes pour répondre à nos besoins. Un exemple bien simple, c’est ce blogue. Ma rétention d’information est meilleure lorsque j’écris. Et la bonne nouvelle est que j’adore écrire. Parfois, par plaisir, j’enchaîne des mots ou des pensées, sans fil conducteur et sans but précis. Est-ce que c’est vrai pour tous ? Non, probablement pas. Je me souviens d’avoir entendu l’autrice et chercheuse Brené Brown dire qu’elle détestait écrire. En revanche, elle pouvait parler d’un sujet passionnant à des amis sans s’essouffler. Pour elle, c’était de verbaliser à haute voix.
D’apprendre à apprendre à quelque chose de magique, car c’est apprendre à se connaître. Et c’est la plus belle rencontre que l’on puisse faire.
Flexibilité
Avoir le plein de contrôle sur le rythme et le moment de notre apprentissage. C’est merveilleux pour ça! On peut choisir le moyen (cours, livre, vidéo ou podcast), on peut choisir le moment. À la pause du dîner, en travaillant, en faisant du crochet (ce qui m’arrive tellement souvent). On peut se donner le temps nécessaire pour incuber l’information. Parfois, ce sont quelques minutes et dans d’autres situations, c’est quelques jours.
Personnalisation
En plus de choisir son rythme et son médium, nous pouvons choisir ce qui nous convient comme information. L’idée est de créer un parcours qui répond à nos objectifs. Un autre exemple qui m’a fait prendre conscience du pouvoir de l’apprentissage autonome, c’est dans le cadre du certificat de formateur en milieu de travail où il me manquait un cours optionnel. Rien ne m’intéressait dans ce que l’université me proposait. Je me suis donc tourné vers une université différente (vive le BCI) pour suivre un cours qui semblait plus adéquat à mon objectif de donner de la formation.
Autodétermination
Imaginez ! Vous incarnez à l’intérieur de vous 3 personnages : une reine, une fée marraine et un héros. La reine à la vision pour déterminer les objectifs pour y arriver. C’est elle qui dicte les actions à prendre par le héros. La fée marraine apporte les outils, les potions et la force au héros. Enfin, le héros passe à l’action pour accomplir la grande vision de la reine.
C’est ce que vous offre l’apprentissage autonome. Vous gouvernez votre apprentissage en fonction de votre vision en choisissant vos outils pour atteindre les compétences pour atteindre cette vision.
Ce qui est merveilleux de cette pratique, c’est que comme nous sommes capitaine du voilier, la motivation est plus aisée à cueillir en soi, mais les jours de tempête.
Utiliser la créativité pour soutenir l’apprentissage autonome
J’ai la croyance que plusieurs caractéristiques entre la créativité et l’apprentissage se ressemblent. Je pense entre autres à la création de liens, l’essai et erreur, la capacité d’observation, etc. Voici quelques idées pour soutenir le développement de son apprentissage autonome.
Romantiser ses études
Une de mes collègues m’a expliqué comment le fait de romantiser ses études l’a aidé à créer sa structure et j’ai adoré l’idée (probablement parce que je le fais un peu moi-même).
Ce que j’entends par romantiser :
- Avoir un espace dédié et confortable (éviter la table a manger par exemple).
- Avoir du beau matériel à notre image (marqueur, cahier de notes, sac, même une tasse chouchou pour notre café).
- Écrire des notes avec une charte de couleur qui nous convient (je me suis fait un branding personnel que j’utilise dans toutes mes notes dans mon iPad)
- Se créer un environnement accueillant (mettre des lumières Led, des plantes, des œuvres, des peluches.)
- Pour ce point, c’est important de faire attention aux sources distractions. Exemple, moi avoir une peluche de style Squishmallow m’aide à me concentrer car j’occupe mes mains. Ce qui n’est pas le cas de tous.
- Mettre de la musique ou une ambiance café (j’adore la playlist Lofi girl disponible sur YouTube et Spotify)
L’idée est de rendre l’espace le plus agréable et le plus invitant pour les études. Je crois que ce n’est pas que pour les étudiants (collégiales ou universitaires), mais aussi pour tous les types d’apprenants. Si je suis une formation en ligne, je m’organise toujours pour être dans un contexte où je me sens bien (alors vous comprenez que je suis rarement les formations en ligne au bureau).
Essaie et erreur (qui fait partie du processus créatif)
Depuis que j’ai débuté mes cours à l’université, j’essaie plein de techniques d’études et de prise de notes. Par exemple, je suis allé chercher des techniques pour faciliter la lecture selon le besoin. Je fais plusieurs essais pour trouver ce qui me convient le plus. Ma créativité me permet d’avoir l’ouverture pour essayer les différentes techniques et de les adapter à moi.
D’ailleurs, ce blogue est aussi un essai (qui fonctionne bien jusqu’à présent). Et dans un prochain article en automne, je vous parlerai d’un EPA (environnement personnel d’apprentissage) que je teste présentement.
Attraper la queue du tigre
L’image que j’ai dans la tête, c’est de savoir attraper le fil d’un sujet. Je m’explique.
Dans les articles ou même dans les livres, il n’est pas rare de voir les références à la fin. Attraper la queue du tigre, serait de suivre l’inspiration sur le sujet et de poursuivre la recherche un peu plus loin. Pour ça, il faut être ouvert et curieux à explorer les sujets ou les idées.
D’autre part, ça peut être aussi de suivre son intuition. Si un mot/expression nous intrigue, ne pas hésiter à aller creuser un peu le sujet. Et quand je dis creuser, ça peut être de faire une recherche ou de l’introspection (un peu comme je l’ai fait avec l’autodidaxie).
L’un développe l’autre
C’est sûr que plus on développe notre curiosité plus on développe notre capacité à avoir un esprit de débutant. Donc, l’apprentissage et la créativité se travaillent mutuellement et sont alliés. Il ne faut pas hésiter à les utiliser ensemble.
Les obstacles
Je dois avouer que l’apprentissage autonome peut être grisant dans la liberté que ça apporte, mais peut être accablante et anxiogène. On peut faire face à plusieurs obstacles personnels et même techniques.
Procrastination
Le pire pour moi, c’est la procrastination. La création d’un cadre a été hyper important pour m’aider à apprendre, car il n’est pas rare que je reporte au lendemain parce que je suis épuisé de ma journée ou encore pire, parce que je tiens le discours qu’au final ça ne sert à rien.
En premier lieu, je crois que c’est important de s’accueillir et surtout ne pas se taper sur la tête. Ça arrive à tout le monde et je rappelle que nous ne sommes pas des robots, mais des humains.
En deuxième lieu, même si on n’utilise pas une nouvelle compétence dans l’immédiat ou comme tel (exemple, j’apprends à être formateur, mais je ne suis pas formateur), ce ne sera jamais de l’information perdu. Il est fort à parier que les apprentissages vont servir dans le quotidien. Je ne serai peut-être pas formateur, mais j’ai une meilleure conscience sur l’apprentissage en général et je peux écrire ce blogue.
Enfin, pour vaincre la procrastination, il y a plein de petits trucs. Mon préféré reste le Pomodoro. Le fait de segmenter mon apprentissage en petits blocs me semble plus digeste que de me dire que je dois m’asseoir des heures pour apprendre.
Ne pas savoir où chercher
C’est tout bête, mais ne pas savoir par où commencer les apprentissages, peut rendre la tâche difficile. Je me souviens quand j’ai appris le ukulélé je me sentais un peu prise au dépourvu, car je ne savais pas où regarder pour apprendre. J’ai commencé par des recherches sur un navigateur de recherche et j’ai fini par trouver des tutoriels et des cours en lignes. Selon le type d’activité ou d’apprentissage, il ne faut pas craindre de parler avec les gens autour (même des inconnus).
Petite anecdote. Je souhaite me procurer un nouveau vélo car le mien a été vandalisé. J’ai quelques connaissances de base d’un vélo par mon expérience, mais je suis loin d’être experte. Alors que j’attendais ma commande dans un café, j’ai vu une dame qui faisait du vélo de route. Je suis allé la questionner sur son vélo et les particularités de celui-ci. En discutant avec les gens autour de moi, j’ai appris à mieux comprendre les sortes de vélos et ce qui me conviendrait le mieux.
La désinformation ou la mésinformation
L’accès à l’information est plus facile que jamais avec internet et les médias sociaux. Toutefois, il faut quand même faire preuve d’esprit critique lorsque nous trouvons une information. Quelques idées pour s’assurer que nous avons la juste information seraient de :
- vérifier les sources,
- consulter multiples sources (non pas juste un site ou une vidéo),
- expérimenter (si c’est applicable),
- en discuter autour de soi.
Ressources et outils
Grâce à la technologie, il existe une panoplie de ressources pour soutenir notre apprentissage personnel. Voici quelques idées (que j’utilise beaucoup) :
Plateforme d’apprentissage
J’utilise souvent Domestika pour apprendre des techniques artistiques ou créatives. Dernièrement, j’ai voulu améliorer mes compétences en photographies donc j’ai opté pour une formation pour modifier des photos en Photoshop (que je connais déjà).
Sinon, il existe plusieurs plateformes du genre comme Skillshare ou Coursera.
Gestion de projet
L’apprentissage autonome peut se voir comme une gestion de projet. J’utilise Notion pour sa versatilité. Je peux me créer des calendriers, des listes de « to-do », faire la prise de notes, y créer des listes de ressources, etc. Sinon, il y a Trello qui peut être vraiment intéressant.
Prise de notes
Bien sûr, il y a le classique Microsoft Word. Néanmoins, il y a d’autres options encore plus intéressantes comme Onenote ou Evernote. Et si vous avez une préférence pour l’écriture manuscrite, mon chouchou pour l’iPad est Notability.
N’oubliez pas les classiques
Les livres, les podcasts, les documentaires, les magazines, les échanges et les expériences restent toujours d’excellentes sources d’apprentissage.
En conclusion, l’apprentissage autonome permet non seulement de bâtir un apprentissage en fonction de ses besoins, mais est une merveilleuse façon d’apprendre à se connaître et développer sa créativité. Ça permet d’être engagé dans son apprentissage et d’y prendre plaisir. Pour moi, ça a été une manière répondre à mon besoin de liberté intellectuelle et de curiosité.
Quelques clés pour soutenir son apprentissage autonome :
- Déterminer ses objectifs et ressources
- Oser faire des essais
- Être flexible et patient envers soi
- Amusez-vous à apprendre !
Je vous invite à partager en commentaire vos expériences d’apprentissage autonome et vos découvertes.
Bibliographie
https://www.dcp.edu.gov.on.ca/fr/planification/competences-transferables/apprentissage-autonome
https://dictionnaire.lerobert.com/google-dictionnaire-fr?param=autodidacte